Formation en techniques de couverture permanente du sol (ou Système SCV), d’association des cultures et la production d’engrais organiques

Le Tchad comme tous les pays de la zone des savanes africaines font face aux phénomènes de dégradation accélérée des sols, suite aux activités anthropiques, notamment celles liées au secteur agricole.

En somme, l’agriculture est  grande exportatrice d’éléments minéraux, dont la restitution au sol est nécessaire par l’engrais minéral ou un substitut à celui-ci : soit la jachère longue, soit la fumure organique qui réalise alors un transfert de fertilité. Malheureusement, l’espace agricole en voie de saturation, fait régresser et disparaitre les jachères et rend difficile le transfert de fertilité.

L’engrais minéral de fond qui est donc une condition nécessaire au maintien de cette agriculture, n’est pas dans la pratique parfois disponible,  ni accessible aux producteurs compte tenu de son cout élevé.

Seul le recours à la fumure organique semble être possible pour  permettre l’amélioration de la fertilité des sols. C’est donc pour cette raison que le projet du RAPS-Mandoul a préconisé organiser cette formation au profit des producteurs des dix cantons que couvre le projet.

Cette synthèse tente de retracer les points clefs abordés au cours des séances des travaux de ladite formation.

1.- LES OBJECTIFS ET LES RESULTATS ATTENDUS DE LA FORMATION

  • L’objectif global de la formationest d’apprendre aux producteurs les bases de pratiques culturales qu’ils pourront reproduire chez eux. Il s’agit de façon spécifique d’outiller les producteurs sur le travail minimum du sol, en techniques de couverture permanente de sol et de fabrication de compost.
  • Les résultats attendus

A l’issue de la formation, les participants doivent être capable de :

  • Connaitre les principes de base du travail minimum du sol ;
  • Maitriser les techniques d’association pertinente des cultures ;
  • Maitriser les processus de fabrication de compost /fumier ;
  • Adopter les techniques de couverture permanente du sol.

2.- LES PRINCIPAUX MODULES 

Le module de la formation est traité à travers quatre thèmes suivants :

  • Bref aperçu sur le travail minimum du sol ;
  • Les pratiques de gestion de la fertilité du sol ;
  • Les techniques de production des engrais organiques ;
  • Les techniques de couverture permanente du sol.

 

  1. – DEROULEMENT DE LA FORMATION

La formation des producteurs en techniques de couverture permanente du sol (ou système SCV), d’association des cultures et la production d’engrais organiques, organisée par le projet terrain du RAPS-Mandoul et regroupant 53 participants venus des dix (10) cantons que couvre le projet,  s’est déroulée du 7 au 8 novembre 2017 à la Ferme (Champ Ecole) dudit projet a Ngomana/Koumra. 

Ladite formation a connu plusieurs phases :

3.1- La cérémonie d’ouverture

Il n y a pas eu une cérémonie d’ouverture officielle par une autorité locale, cela dans le souci du RAPS-Mandoul de gagner de temps par rapport  au retard connu dans la réalisation de cette activité. La cérémonie a commencée par le mot de bienvenue du Chef de Projet, Mr DJIMTE OBED, qui dans son intervention a d’abord remercié les participants d’avoir accepté honorer leur présence a cette séance de formation dont le thème cadre avec nos problèmes réels en matière de la fertilité des sols.  Il a ensuite invité les participants à suivre attentivement les différents thèmes qui vont être traités afin d’en tirer meilleurs profits. Il en est suivi la (i) présentation des participants et (ii) l’élaboration de l’agenda de la formation par les participants qui se présente comme suit :

HORAIRES

ACTIVITES

8h-10h

Cours

10h30-11h

Pause-café

11h-13h

Cours

13h-14h

Pause- Repas

14h-16h

Cours

 

Après l’élaboration de l’agenda de formation et de son adoption par les participants, la parole fut donnée au formateur, Mr DJANAN DJITOG, afin de procéder à la formation.

3.2 La formation proprement dite

Les points abordés par le formateur portent sur :

  • LE BREF APERCU SUR LE TRAVAI DU SOL
  1. La définition du sol

C’est une partie superficielle, meuble de l’écorce terrestre, résultant de la transformation, au contact de l’atmosphère, de la couche (roche mère) sous-jacente et soumise à l’érosion et à l’action de l’homme.

  1. Le travail du sol

Le travail du sol commence par le choix de la parcelle à cultiver et son défrichement suivis de :

  • L’apport de la fumure organique ;
  • Le labour ;
  • Le semis/resemis
  • Le sarclage/buttage

 

  • LES PRATIQUES DE GESTION DE LA FERTILITE DES SOLS

 

3.2.2.1 L’ASSOCIATION DES CULTURES

L’association des cultures est l’ensemble des plantes d’espèces différentes vivant dans un même milieu.

Les raisons qui guident les producteurs à pratiquer l’association des cultures sont :

  • Les aléas climatiques (changements climatiques) 
  • L’insuffisance de la main d’œuvre agricole ;
  • Réduction de l’espace agricole.

3.2.2.2 LA ROTATION DES CULTURES

C’est la succession des cultures sur une même parcelle ou sur un même sol sur plusieurs années.

Les raisons qui guident les producteurs à pratiquer la rotation des cultures sont :

  • Lutter contre les ennemies des cultures ;
  • Maintenir la fertilité du sol.

Ces premiers points ont fait l’objet des travaux de groupe permettant de comprendre les raisons qui guident les producteurs à ces pratiques ainsi que leurs inconvénients et avantages.

3.2.2.3 LES PRATIQUES TRADITIONNELLES DE GESTION DE LA FUMURE ANIMALE

Trois systèmes traditionnels de parcages sont couramment rencontrés en zone de savane africaine :

  1. Le parcage de nuit au piquet avec translation du dispositif sur les parcelles.

 Ce système consiste à immobiliser les animaux pour la nuit sur  les parcelles après la récolte, ou en saison des pluies sur des jachères  en les attachant à un tronc d’arbre. Cette technique du parcage, très connue en zone soudano-sahélienne, est le moyen privilégié utilisé pendant la saison sèche pour la fertilisation des champs de céréales qui forment la première auréole du village. Elle a longtemps  permis de valoriser les déjections animales des troupeaux transhumants par le biais de contrats de fumure traditionnels passés entre les agriculteurs sédentaires et les pasteurs venus, pour la saison sèche,  d’une autre région. Ce type de contrat se fait aujourd’hui rarement en raison de la détérioration de nombreux terroirs africains.

 

  1. B) Les parcs de nuit mobiles

Ce sont les pasteurs Peul qui parquent leurs animaux dans des petits enclos d’épineux sur leurs propres parcelles de cultures, durant l’intersaison agricole, ou sur les zones défrichées et destinées à être cultivées. Ce système est souvent fondé  sur un rapport très favorable entre l’effectif du cheptel, et donc les surfaces pâturées et les surfaces à fertiliser. 

  1. C) Les parcs de nuit fixes

Ces parcs sont fréquents dans les villages secondaires, dont le cheptel bovin est regroupé en troupeaux généralement collectifs. Ce système pose le problème du transport des déjections accumulées  dans le parc vers les parcelles. Dans la majorité des cas, il y a un gaspillage important de fumure et le plus souvent les épandages sont limités à des petites parcelles ou à des jardins proches du parc.

3.2.2.4 Les pratiques améliorées

Les formes de fumure organique élaborée sont le fumier et le compost. Des méthodes améliorées permettent de fabriquer un fumier correct selon les techniques suivantes :

  1. Les parcs améliorés qui des parcs de nuit ou l’on apporte de la litière ;

Il consiste à apporter, dans les parcs de nuit des animaux, un maximum de matière végétale d’origine et de qualités variables : pailles, résidus de récolte, déchets de battages.

Les conditions indispensables de réussite de la technique sont :

  • Existence des troupeaux bovins gérés à l’échelle familiale ;
  • Equipement en traction animale en particulier en charrettes.
  1. Les parcs d’hivernage

La technique consiste à implanter directement sur la parcelle de céréales les parcs clôturés destinés à la fabrication du fumier de manière à limiter les transports de pailles. Le fumier fabriqué est ensuite épandu sur cette même parcelle dans le cadre d’une rotation triannuelle.

  1. Les étables et fosses fumières

Ces techniques permettent de fabriquer un véritable fumier au sein de l’exploitation agricole, avec les animaux ingérés à cette exploitation.

 

 

   

3.2.3- LA PRODUCTION DES ENGRAIS ORGANIQUES

3.2.3.1- LES CONCEPTS CLES

  1. ENGRAIS

L’engrais est un produit organique ou minéral incorporé au sol pour en maintenir ou en  accroitre la fertilité.

Les engrais apportent aux plantes cultivées des éléments quelles n’entrouvrent pas dans le sol en quantité insuffisante et qui améliorent les conditions de leur nutrition et de leur croissance. Les engrais fournissent des éléments fertilisants majeurs (N, P, K), des éléments secondaires (Ca, S, Mg, etc…) et des oligo-éléments. Les macroéléments jouent les rôles suivants :

  • N : développement des tiges, feuilles ;
  • P : formation des fruits et grains ;
  • K : favorise la circulation de la sève et le développement des racines

On distingue trois principaux types d’engrais :

  1. L’engrais vert : plante que l’on enfouit par le labour, au lieu de la faucher, pour fertiliser le sol ;
  2. Les engrais organiques, comme le fumier, compost ;
  3. Les engrais minéraux naturels ou produits par l’industrie (agriculture intensive= grande quantité de produits…….)
  4. LA FERTILITE DU SOL

La notion de fertilité des terres est familière à tous, mais recouvre des significations bien différentes : richesse chimique, aptitude culturale….ou “fécondité “ de la terre. Selon le Petit Larousse, un sol est dit fertile lorsqu’il peut donner d’abondances récoltes.

  1. LE FUMIER ET LE COMPOST

Le fumier est un mélange fermenté des litières et des déjections des animaux, utilisé comme engrais. Le compost par contre est un mélange de résidus organiques et minéraux, utilisé pour l’amendement des terres agricoles. Ces engrais organiques ont un triple rôle essentiel après transformation en humus :

– Rôle chimique : enrichissement du sol en NPK ;

– Rôle physique : amélioration de la structure du sol ;

– Rôle Biologique : multiplication des microorganismes du sol (animaux du sol).

  1. D) LHUMUS

C’est une subsistance colloïdale noirâtre résultant de la décomposition partielle, par les microbes du sol, des déchets végétaux et animaux.

 

3.2.1.3  LA FABRICATION DU COMPOST

  1. A) LE COMPOSTAGE

C’est la préparation du compost, consistant à laisser fermenter de résidus agricoles ou urbains (ordures ménagères ou non avec la terre végétale).

Il s’agit de mettre ensembles de débris végétaux, animaux, des déchets ménagers (exceptions de ceux qui ne pourrissent pas : boites de conserve, plastiques, tissons de bouteilles), herbes, tourteaux, faux troncs de bananiers hachées, résidus de récolte du jardin sauf en cas de maladie. La réussite d’un bon compostage nécessite :

  • L’abondance de la matière sèche ;
  • L’eau ;
  • Les matériels de collecte et de transports de la matière organique (porte-tout, charrette, coupe-coupe, etc.).

 

  1. Les méthodes de fabrication de compost 

Les méthodes de compostage sont nombreuses et quelques-unes ont été abordées au cours de la formation : le compostage sans fosse, avec fosse et le compostage industriel.

3.2.1.4.- Projection d’un film

A la fin de la formation théorique, un film  illustrant l’agriculture des pays développés du nord à celle de l’Afrique (Burkina Faso) a été projeté. 

3.2.1.5.- Phase pratique : fabrication du compost avec fosse par les participants

Cette phase pratique a mis fin aux travaux de la formation réalisés par le formateur. Elle est suivie par l’évaluation de ladite formation par les participants.

3.3- EVALUATION DE LA FORMATION

Apres la phase pratique sur la fabrication du compost, les participants sont repartis en salle et ont procédé à l’évaluation de la formation. Sur 53 participants, 48 ont rempli leur fiche d’évaluation et les dépouillements donnent les résultats suivants :

3.3.1) Les appréciations de la formation

  • Appréciations du contenu des présentations :
  1. Assez-bien : 10 sur 48, soit 20,83% ;
  2. Bien : 238 sur 48, soit 58,33 % ;
  3. Très bien : 10 sur 48, soit 20,83%.
  • Appréciations des discussions et participations :
  1. Assez-bien : 7/48, soit 14,58% ;
  2. Bien : 23/48, soit 47,91% ;
  3. Très bien : 18 sur 48, soit 35,5%.
  • Appréciations des réponses aux questions :
  1. Assez-bien : 13 sur 48, soit 27% ;
  2. Bien : 19 sur 48, soit 39,58% ;
  3. Très bien : 16 sur 48, soit 33,33%.
  4. Appréciations du lieu de formation :
  5. Passable : 5/48, soit 10,41% ;
  6. Assez-bien : 8 sur 48, soit 16,66% ;
  7. Bien : 22 sur 48, soit 45,83% ;
  8. Très bien : 14 sur 48, soit 29,16%.
  9. Appréciations de la restauration :
  10. Passable : 12/47, soit 25,53% ;
  11. Assez-bien : 14 sur 47, soit 29,78% ;
  12. Bien : 15 sur 47, soit 31,91% ;
  13. Très bien : 6 sur 47, soit 12,76%.

N.B. : un participant n’a pas coché la dernière ligne de la question 5

3.3.2) Les propositions d’améliorations

Les propositions d’amélioration de la prochaine formation faites par les participants portent essentiellement sur :

  • La poursuite de la formation car le thème cadre bien avec les problèmes réels que rencontrent les producteurs en matière de restauration des sols dégradés. Il souhaite vivement que le même formateur revienne pour d’autres formations et qu’il y ait également le recyclage des producteurs par rapport au thème de la présente formation ;
  • Les participants venant des cantons éloignés souhaitent que le projet prenne en charge les frais de leur déplacement ;
  • La mauvaise organisation de la formation a été signalée par certains participants : insuffisance de matériels et de pailles pour la fabrication du compost, la salle de formation n’est pas apprêtée à temps, 

Conclusion

Au regard de la problématique de la dégradation des sols dans les dix cantons du Mandoul que couvre le projet, nous sommes tous (producteurs, agents de développement) convaincus que la présente formation est venue à point nommé. Les appréciations des producteurs sur les différents thèmes de la formation le prouvent clairement. Les objectifs ainsi que les résultats attendus de la formation semblent être pleinement atteints. Les producteurs ont grand intérêt à reproduire et vulgariser les différentes techniques apprises en vue de restaurer les sols dégradés.